Karusi, 21 août 2025 – La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) a organisé un atelier d’échange réunissant magistrats, officiers de police judiciaire, responsables pénitentiaires et représentants de la société civile. Cet événement, soutenu par le PNUD à travers le programme « Accès à la justice, État de droit et cohésion sociale », avait pour objectif de réfléchir ensemble sur les irrégularités constatées dans les lieux de détention et sur le traitement judiciaire des cas de torture.
Dans son mot d’accueil, l’Administrateur communal de Karusi a salué l’initiative, insistant sur l’importance du dialogue entre tous les acteurs de la chaîne pénale. De son côté, le Vice-Président de la CNIDH a réaffirmé l’engagement indéfectible de la Commission à protéger les droits humains, rappelant que la CNIDH effectue régulièrement des visites, notifiées ou inopinées, dans les lieux de détention afin de prévenir toute violation.
Des irrégularités préoccupantes
Les constats présentés par la CNIDH ont mis en lumière plusieurs dysfonctionnements :
• registres d’écrou mal tenus,
• dépassement des délais légaux de garde à vue,
• retards dans la transmission des dossiers aux parquets,
• frais de photocopie imposés aux détenus,
• détention abusive pour des dettes civiles,
• non-séparation des mineurs et des adultes faute d’infrastructures adaptées,
• manque d’OPJ et de gardes-cachots de sexe féminin,
• insuffisance de formation sur les violences basées sur le genre,
• ingérence de certaines autorités administratives dans des dossiers judiciaires.
Des solutions concrètes proposées
A travers des travaux de groupe, les participants ont formulé des recommandations clés pour corriger ces dysfonctionnements :
• Améliorer la gestion des dossiers : digitaliser la chaîne pénale, renforcer les moyens logistiques et instaurer un suivi rigoureux des transmissions.
• Renforcer les capacités des acteurs : former les OPJ, magistrats et juges à la qualification des faits, à la rédaction des procès-verbaux et à la gestion des cas de VBG.
• Protéger les plus vulnérables : accélérer le transfert des mineurs vers des centres de rééducation et promouvoir le principe « la liberté est la règle, la détention l’exception ».
• Prévenir la torture : sensibiliser les détenus à dénoncer toute forme de torture et organiser des visites inopinées pour prévenir les abus, y compris la torture morale.
Une dynamique positive et collective
Bien qu’aucun cas récent de torture physique n’ait été signalé, la vigilance reste de mise face aux risques de traitements inhumains ou dégradants. Les échanges ont permis de réaffirmer la responsabilité collective de tous les acteurs dans la construction d’une justice plus équitable et respectueuse des droits humains.
L’atelier s’est clôturé dans une ambiance constructive, marquée par l’engagement des participants à transformer les recommandations en actions concrètes. La CNIDH, en partenariat avec le Ministère de la Justice, les juridictions, les prisons et les organisations de la société civile, assurera le suivi de leur mise en œuvre.
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