Photo: Commissaire Gloriose NIMENYA remet aux prisoniers les dossiers suivis à la Cour Suprême
Lutte contre les détentions illégales en province de Burunga
Du 3 au 9 août 2025, la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) a effectué une mission dans la province de Burunga pour inspecter les lieux de détention, suivre les cas d’allégations de torture, de détention irrégulière et d’enlèvement, et vérifier l’état des dossiers judiciaires. Cette initiative, visant à garantir le respect des droits humains, a permis de constater des irrégularités préoccupantes et de libérer 13 détenus. Voici un compte-rendu détaillé de cette mission, marquée par des plaidoyers efficaces et des recommandations pour améliorer le système carcéral.
1. Inspection des cachots : des conditions alarmantes
L’équipe de la CNIDH a visité les cachots du Parquet de Bururi, ainsi que ceux des polices judiciaires de Matana, Mugamba, Songa, Vyanda et Rutovu, où 66 détenus, dont 7 mineurs, étaient recensés. Les infractions variaient du vol qualifié au viol sur mineure, mais des violations graves ont été constatées : détentions arbitraires, dépassement des délais de garde à vue, surpopulation carcérale, et même la détention d’un mineur de 14 ans non pénalement responsable.
Un cas marquant concerne un Tanzanien, DOMI, apparemment atteint de troubles mentaux, détenu pour sa sécurité depuis plusieurs mois. La CNIDH prévoit de collaborer avec l’administration pour son rapatriement à Shinyanga en Tanzanie. A Matana, malgré un cachot salubre, 4 détenus sans infraction claire ont été libérés après plaidoyer. A Mugamba, l’insalubrité et l’absence d’eau ont aggravé les conditions de détention, mais aucune libération immédiate n’a été obtenu
A Songa, 3 personnes, dont deux détenues pour dettes civiles, ont été libérées. A Vyanda et Rutovu, respectivement 1 et 3 détenus ont retrouvé la liberté grâce aux interventions de la CNIDH.
2. Suivi des irrégularités à la prison centrale de Bururi
La mission a également inclus une visite à la prison centrale de Bururi, où 324 détenus, dont 26 femmes et 2 nourrissons, sont incarcérés, dépassant la capacité d’accueil de 250 places (taux d’occupation : 129,6 %). La CNIDH a communiqué aux détenus les résultats des suivis effectués à la Cour Suprême, notamment pour des dossiers comme ceux de M.C, N.C. et K.A., impliquant des requêtes pour casser des arrêts de la Cour d’Appel de Bururi.
Certains dossiers, comme ceux de N.P. ou N.J., accusent des lenteurs judiciaires, nécessitant un suivi ultérieur en septembre 2025.
3. Plaidoyer et recommandations pour un système plus juste
Au Parquet de Bururi, la CNIDH a discuté avec le Premier Substitut du Procureur des irrégularités constatées, plaidant pour la libération de détenus pour infractions mineures ou dettes civiles. Ces efforts ont abouti à la libération de 13 personnes au total.
La CNIDH recommande au gouvernement de doter les parquets de moyens de transport pour faciliter les inspections et transferts de détenus ; de fournir du matériel de bureau aux OPJ et de réhabiliter les infrastructures des cachots, notamment à Vyanda et Mugamba, pour améliorer l’hygiène. Elle insiste également sur la nécessité d’impliquer les officiers du ministère public lors des visites pour des décisions immédiates.
En conclusion, la mission de la CNIDH à Burunga a mis en lumière des violations graves des droits humains dans les lieux de détention, tout en obtenant des résultats concrets avec la libération de 13 détenus. Ces efforts témoignent de l’engagement de la CNIDH à promouvoir un État de droit. Cependant, des défis structurels persistent, nécessitant une action urgente du gouvernement pour améliorer les conditions carcérales et garantir des procédures judiciaires équitables. La CNIDH poursuivra sa collaboration avec les autorités judiciaires pour défendre les droits des justiciables.
Publiée le 03/10/2025 à 15h10min Partager
