Le 21 juin 2025, à peine un mois après leur prise de fonction le 12 mai, les Commissaires de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) du Burundi ont entrepris une mission empreinte d’humanité au Centre d’accueil des enfants en situation de rue, niché dans la localité de Munzenze, en province de Cankuzo (Buhumuza). Leur objectif : évaluer les conditions de vie de ces jeunes et veiller au respect de leurs droits fondamentaux, dans un lieu où leur avenir semble suspendu entre espoir et fragilité.
Lors de cette visite, la CNIDH a recensé 60 enfants, âgés de 6 à 17 ans, dont 46 garçons et 14 filles, hébergés dans ce centre. Un constat unanime s’impose : la place de ces enfants n’est pas dans cet environnement, mais au sein de leurs familles, loin des risques d’influence néfaste de certains adultes, parmi lesquels des délinquants, partageant le même espace. En effet, le centre abrite également 129 adultes – 101 hommes et 28 femmes – dont certains vivent avec le VIH-SIDA, principalement parmi les femmes, ce qui soulève une inquiétude majeure pour la sécurité et l’éducation de ces enfants.
Nestor Banigwa, Responsable-adjoint du centre, a partagé les efforts déployés pour répondre aux besoins élémentaires des enfants : alimentation, vêtements et soins de santé, soutenus par le Ministère en charge des droits de la personne humaine. Cependant, un obstacle de taille persiste : l’accès à l’eau potable, puisée à sept kilomètres, constitue un défi quotidien. À cela s’ajoute une menace plus insidieuse : la cohabitation des enfants avec des adultes, malgré des dortoirs et toilettes séparés, et la présence de 21 agents de sécurité et d’encadreurs nocturnes. Les gestionnaires du centre redoutent un risque potentiel de contamination au VIH-SIDA, amplifié par l’absence de dépistage systématique et de sensibilisation adéquate. Comme le rappelle l’adage, « mieux vaut prévenir que guérir », les responsables appellent à un soutien urgent d’experts pour promouvoir le dépistage et l’accès aux traitements antirétroviraux (ARV).
Face à ces préoccupations, la CNIDH a salué la pertinence de ces demandes et s’est engagée à y répondre avec diligence. Dans un geste de solidarité immédiat, elle a offert des vêtements pour protéger les enfants du froid, un symbole de son soutien à leur bien-être. Surtout, la Commission a exhorté l’État à intensifier ses efforts pour retracer les familles de ces enfants et favoriser leur réintégration. À ce jour, 523 adultes et 52 mineurs ont déjà retrouvé leurs foyers, un progrès encourageant mais insuffisant.
En quittant Munzenze, la CNIDH a réaffirmé son engagement à plaider pour des solutions durables, afin que ces enfants, loin des périls de la rue, puissent retrouver la chaleur d’un foyer et l’espoir d’un avenir digne. Cette visite, à la fois poignante et porteuse d’espoir, souligne l’urgence d’une action collective pour protéger les plus vulnérables et bâtir une société où chaque enfant a sa place.
Publiée le 03/10/2025 à 08h10min Partager
