La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) du Burundi a organisé, du 16 au 19 juin 2025, un atelier de formation initiale pour ses nouveaux Commissaires à l’Hôtel des Plateaux à Ngozi. Soutenu par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans le cadre du Programme conjoint droits humains au Burundi, cet événement, a marqué une étape clé pour renforcer les capacités de la CNIDH à un moment charnière de son histoire.
Une ouverture marquée par des appels à l’action
L’atelier a débuté par les discours du Conseiller principal en droits de l’homme du Bureau du Coordonnateur Résident des Nations Unies au Burundi et du Président de la CNIDH. Le Conseiller a rappelé les défis historiques auxquels fait face la CNIDH, soulignant que son statut d’institution nationale des droits humains (INDH) n’est jamais acquis. Dans un contexte où l’institution est scrutée au niveau national et international, il a exhorté les Commissaires à restaurer la crédibilité de la CNIDH, à répondre aux attentes du gouvernement tout en préservant leur indépendance, conformément aux Principes de Paris.
Le Président de la CNIDH, quant à lui, a salué l’engagement des participants et des partenaires, notamment le PNUD. Il a souligné que l’atelier visait à doter les Commissaires de compétences techniques et stratégiques pour promouvoir et protéger les droits humains, tout en élaborant une feuille de route concrète pour redynamiser l’institution.
Des attentes claires pour une mission ambitieuse
Les participants ont exprimé des attentes précises : approfondir leur maîtrise des instruments juridiques et des mécanismes de protection, développer des stratégies de plaidoyer et de mobilisation de ressources, et instaurer une culture des droits humains. L’objectif commun était clair : consolider l’indépendance et l’efficacité de la CNIDH pour répondre aux défis actuels du Burundi.
Sessions thématiques : des bases solides pour l’action
L’atelier a couvert des thématiques essentielles pour le mandat de la CNIDH, animées par des experts de renom, dont Bamazi Kossi Tcha, Conseiller principal en droits de l’homme, Monseigneur Emmanuel Ntakarutimana, figure fondatrice de la CNIDH, et d’autres intervenants comme Justin Gratien Ntasumbumuyange et Félicité Rukundo.
- Fondements des droits humains et rôle des INDH
Bamazi Kossi Tcha a introduit les concepts fondamentaux des droits humains, insistant sur leur indivisibilité et sur l’obligation de l’État de garantir leur effectivité. Il a souligné l’importance de l’indépendance de la CNIDH face aux pressions politiques, appelant les Commissaires à enquêter rigoureusement sur les violations et à qualifier les faits avec précision. Il a également clarifié la distinction entre restriction et dérogation aux droits, rappelant que des droits fondamentaux, comme l’interdiction de la torture, sont inaliénables.
- Cadre juridique et Principes de Paris
Justin Gratien Ntasumbumuyange a présenté le cadre juridique de la CNIDH, créée par la loi du 5 janvier 2011 et conforme aux Principes de Paris avec un statut A. La CNIDH a été encouragée à prioriser ses interventions et à instaurer un mécanisme de suivi de ses recommandations.
- Organisation interne et leadership
Monseigneur Ntakarutimana a insisté sur l’importance de l’esprit d’équipe pour surmonter la diversité des origines des Commissaires. Il a proposé de renforcer la motivation organisationnelle, la gouvernance autonome et la capacité d’analyse du contexte pour des actions pertinentes. Il a également recommandé l’adoption d’outils de gestion (plaintes, communication, antennes régionales) et une stratégie de mobilisation des ressources respectant les Principes de Paris.
- Traitement des plaintes et enquêtes
Félicité Rukundo a souligné la nécessité de trianguler les informations avant de qualifier les cas, recommandant une base de données centralisée pour une gestion efficace des saisines. Elle a insisté sur l’adaptation des enquêtes au contexte national et sur la protection des victimes, soutenue par la loi nationale.
- Partenariats stratégiques
Les intervenants, dont Justin Gratien Ntasumbumuyange, ont mis en avant l’importance des partenariats avec l’exécutif, le législatif, le judiciaire et la société civile.
Des mémorandums d’entente (MoU) avec le Parlement et le judiciaire ont été proposés pour structurer ces collaborations.
Une feuille de route pour l’avenir
L’atelier a permis de dégager une feuille de route ambitieuse pour la CNIDH, axée sur :
- Efficacité opérationnelle : Mettre en place des outils de gestion (base de données, manuels) et des mécanismes de suivi.
- Plaidoyer et sensibilisation : Promouvoir une culture des droits humains
- Partenariats : Consolider les relations avec les institutions étatiques, la société civile et les partenaires internationaux.
- Crédibilité : Produire des rapports de qualité
Conclusion
Cet atelier marque un tournant pour la CNIDH, qui s’engage à relever les défis actuels avec rigueur et détermination. En renforçant les compétences de ses Commissaires et en adoptant une approche stratégique, l’institution se positionne pour consolider sa crédibilité et répondre aux attentes des Burundais. Comme l’a souligné Monseigneur Ntakarutimana, l’unité, la gouvernance et l’analyse fine du contexte seront les clés d’une CNIDH forte, indépendante et au service des droits humains.
Publiée le 02/10/2025 à 17h10min Partager
